Nadir Ben, interprète et guitariste originaire d’Oran et installé à Marseille, s’est produit sur de nombreuses scènes : dans la cité phocéenne, à Paris, mais aussi au sein des Instituts français en Algérie. Ses collaborations avec divers ensembles musicaux ont confirmé non seulement l’étendue de son talent, mais aussi l’adhésion d’un large public, séduit par cette néo-folk algérienne contemporaine. À travers sa musique, il exprime un attachement profond à l’Algérie, entre mémoire, utopie et histoire d’exil.

Depuis quelques années, le public marseillais a eu l’occasion de vous entendre avec différents ensembles, quelles sont vos univers musicaux ?

Je suis né à Oran et j’ai grandi entre Tlemcen et Oran, bercé très tôt par les sonorités de l’école arabo-andalouse. Mon premier contact avec la musique s’est fait dans l’enfance, à travers l’apprentissage du chant et des instruments traditionnels. À Oran, j’ai été marqué par la diversité musicale : raï, rythmes populaires, sonorités gnawies.
En arrivant en France, cette base m’a permis d’élargir mon univers : j’ai travaillé ma guitare et mêlé cet héritage à des influences folk et pop. Mon parcours est donc celui d’un apprentissage autodidacte et passionné de la tradition arabo-andalouse, enrichi de rencontres qui m’ont conduit à collaborer avec Fouad Didi, Eljoee ou encore Gil et Sylvie Aniorte Paz.

Vous êtes natif de l’Oranie, quel est votre parcours ?

J’ai grandi jusqu’à mes 15 ans entre Tlemcen et Oran, dans une famille de mélomanes où j’ai été très tôt initié à la musique arabo-andalouse. Ces premières bases m’ont ancré dans l’héritage andalou.
Puis Oran, avec son accent espagnol et ses musiques métissées, m’a profondément marqué : chants chauds du raï, rythmes gnawa, influences hispano-maghrébines. J’ai exploré les styles : guitare folk, groove saharien (Gaada Diwane Béchar, Hasna El Becharia, Tinariwen), rock algérien (Cheikh Sidi Bémol, Gnawa Diffusion, Index). J’écoutais aussi du rock, de la soul et de la folk pop. Cette ouverture m’a conduit à rejoindre le groupe ATMA en tant que chanteur, avec une participation au festival Dimajazz de Constantine en première partie de Keziah Jones.
Aujourd’hui à Marseille, ville cosmopolite, j’élargis encore mes horizons en mêlant mes racines nord-africaines aux grooves du jazz, du blues ou du reggae. C’est dans cette continuité que s’inscrit mon album Maturity / Al Roshd.

Vous sortez votre 1er album intitulé Maturity…

Maturity reflète tout mon cheminement. Mes influences viennent d’abord de mes racines : l’arabo-andalou de Tlemcen, le raï et les rythmes gnawa d’Oran. Mais aussi des deux rives de la Méditerranée et de Marseille : folk, pop, jazz, blues, reggae. Je ne cherche pas à les copier mais à les faire dialoguer.
Dans l’album, j’ai mobilisé ces influences comme des couleurs : parfois proches de la tradition (violon, bendir), parfois enrichies de guitare folk, grooves modernes ou arrangements urbains. Ce mélange me permet de raconter mon histoire de manière sincère et universelle, en créant une esthétique personnelle où l’arabo-andalou s’entrelace à une folk-pop contemporaine. Sobrement intitulé Maturity (Al Roshd en arabe), l’album réunit neuf titres autour des thèmes de l’appartenance, de l’engagement, de l’identité et de l’héritage. Chaque chanson résonne comme une lettre ouverte, entre mélancolie de l’exil et tendresse pour ma ville natale.

Est-ce important, pour vous qui chantez en arabe de partager la poésie de cette langue dans vos textes et de les rendre accessibles à vos publics …

Oui, c’est essentiel. Je chante en arabe car c’est la langue de mon enfance, mais je sais que mon public est cosmopolite. Je tiens donc à traduire et transmettre le sens de mes textes pour que chacun puisse entrer dans mon univers.
Il ne s’agit pas de tout expliquer, mais de donner des clés et partager l’émotion. L’arabe a une poésie qui se vit différemment, et j’aime quand l’auditeur ressent cette vibration, même sans tout comprendre. Traduire et transmettre, c’est construire un pont entre les cultures exactement ce que fait ma musique.

Prochains concerts :

08/10/2025 : Concert de release album «Maturity» – Al Roshd, neo folk contemporaine du Maghreb aux 2 Pianos, Paris.

17/10/2025 : Concert de release album «Maturity» – Al Roshd, neo folk contemporaine du Maghreb au Makeda Marseille.