Publié sous la direction de Sara Petrella et Mylene Steity, la publication en ligne de ce nouvel ouvrage collectif ABC Arts et Musées, Histoire coloniale et voix autochtones s’appuie sur les recherches récentes et des retours d’expérience des contributeur·trices.
En téléchargement libre sur https://www.seismoverlag.ch/fr/daten/abc-arts-musees/
Le projet est né de deux journées d’études en 2022, alors que la Suisse débattait intensément de la présence de monuments liés à l’histoire coloniale. En réunissant chercheur·euses, conservateur·trices, artistes et représentant·es de communautés, nous avons exploré les liens entre arts, musées et décolonisation, ainsi que les enjeux des approches participatives. Plutôt que d’organiser les textes selon un schéma classique, nous avons choisi la forme ouverte d’un abécédaire pour faire émerger d’autres manières de transmettre les savoirs.
Le format « ABC de » s’adresse-t-il aux professionnels ou au grand public ?
Chaque entrée, rédigée par des spécialistes reconnus, conserve une grande rigueur scientifique tout en restant accessible grâce à des exemples concrets. Le livre s’adresse donc autant aux professionnel·le·s des musées qu’au grand public intéressé par ces questions actuelles. Sa riche iconographie et sa couverture, conçue par le collectif autochtone Polymode, renforcent son caractère ludique et pédagogique.
Quelles priorités pour répondre à la dimension critique de l’approche décoloniale ?
Il y a d’abord l’approche historique, qui implique la recherche de provenance et une lecture critique de l’histoire muséale afin de restituer aux objets et aux personnes leur juste place. Ensuite, la co-construction des savoirs consiste à écouter et valoriser les voix autochtones et diasporiques, reconnaître leur légitimité et travailler à l’élaboration de récits communs. Il est également essentiel de produire des outils concrets pour collaborer avec les communautés concernées.
Quels liens avec les centres culturels autochtones ou associations communautaires en exil ?
L’introduction du livre souligne l’importance de ces centres, dès Kahnawake au Québec, ainsi que celle des musées autochtones comme Mashteuiatsh (Québec), qui jouent un rôle clé dans la mémoire et la transmission. Des réseaux transnationaux émergent, à l’image de l’Initiative Suisse-Bénin, reliant huit musées suisses et des institutions béninoises pour renforcer le dialogue entre diaspora africaine et sociétés locales.
Peut-on y puiser des méthodes applicables aux musées locaux, notamment à Marseille ?
L’ouvrage offre une histoire de l’art et des musées décloisonnée, globale et connectée, pertinente pour des lieux comme Marseille. Présenté au Mucem lors de l’exposition Amazighes, il a suscité des débats sur les notions de « peuples autochtones » et « patrimoines autochtones ». Il propose aussi des clés d’analyse adaptées aux musées locaux, comme la notion de « Matrimoine » développée par Saskia Cousin Kouton avec Madina Yêhouétoè et Sara Tassi, ou des pratiques artistiques méditerranéennes questionnant les cadres muséaux traditionnels, à l’image du bateau de sauvetage Louise Michel financé par Banksy.






