Le 25 juin, l’exposition s’ouvrait avec la projection de Denis Martinez, un homme en libertés en présence de l’artiste et du réalisateur Claude Hirsch. Réalisé en 2013, le documentaire brosse le portrait de celui qui est probablement le plus grand peintre algérien vivant. Exilé depuis 1994 à Marseille, l’histoire qui lie intimement l’artiste à son pays participe de sa cosmologie et fait de lui cet aventurier de l’art, passionné et audacieux. 

Co-fondateur du groupe Aouchem (« tatouage ») qui a exposé dès 1960 en rassemblant une dizaine d’artistes, peintres et poètes, il s’est opposé aux imageries qu’il jugeait démagogiques que présentait la galerie officielle de l’Union nationale des arts plastiques, fondée en 1963, et dont la plupart des peintres actifs avant 1962 ont été exclus. Sa déconstruction plastique revendique une authenticité ancestrale dont les signes millénaires trouvent leur origine sur les parois du Tassili : certaines traditions plastiques ont réussi à se maintenir dans les gestes qui modèlent et peignent l’argile, tissent la laine, décorent les murs, gravent le bois ou le métal : c’est sur ces survivances que le groupe Aouchem porte l’ambition de la transmission. 

Poésie graphique 

Avec l’exposition Effervescences éphémères on retrouve la puissance des signes qui font les rites et les secrets, les touches colorées, omniprésente dans son œuvre, les propos de ses amis et poètes et de plusieurs générations d’artistes marquées durablement par son enseignement à l’école des Beaux-Arts d’Alger et dans plusieurs villes, villages et lieux insolites d’Algérie. Pour cette exposition l’artiste a réalisé une série d’œuvres graphiques de grands formats sur carton d’emballage.

Des extraits de ses écrits poétiques, liés à différents moments de son parcours d’artiste citoyen, émaillent le parcours de l’exposition et éclairent le parcours de l’homme.Au fil des récits, le voile se lève aussi sur sa participation active aux luttes des intellectuels algériens pour la liberté de création, son départ contraint d’Algérie, en 1994, après l’assassinat de son ami, l’écrivain et journaliste Tahar Djaout, son retour au pays en mars 2000 et la création, en 2004, du festival nomade Raconte-Arts en Kabylie avec Hacene Metref et Salah Silem. Une belle rencontre avec un homme d’exception.

« Comme disait le poète Tahar Djaout, Je suis le déterreur de l’histoire insoumise et de ses squelettes irascibles enfouis dans vos temples dévastateurs. Je ne cautionnerais jamais vos cieux incléments et rétrécis ou l’anathème tient lieu de credo. Je ne cautionnerais jamais la peur mitonnée par vos prêtres-bandits des grands chemins qui ont usurpé les auréoles d’anges. Je me tiendrais hors de portée de votre bénédiction qui tue, vous pour qui l’horizon est une porte clouée, vous dont les regards éteignent les foyers d’espoir, transforment chaque arbre en cercueil. »