Ce 20 juin, le Théâtre de la Sucrière accueille l’adaptation scénique du roman de Faïza Guène.
Avec l’occasion offerte aux marseillais.e.s, de ce out of the book, c’est une belle diffusion de l’œuvre La discrétion qui s’annonce.
Faïza Guène pratique une forme d’écriture low profile, souvent proche de l’autofiction, mais sans les ressorts nombrilistes habituels. Adoptant une attitude de réserve volontaire et probablement stratégique, elle se distingue par sa grande humilité.
L’ouvrage paru en France en août 2020, aux éditions Plon et sa traduction en anglais est publié en juillet 2023 par Sarah Ardizzone, chez l’éditeur Cassava Republic Press, lui ouvre un public international.
Néo-marseillaise, elle nous offre un récit qui explore les rapports familiaux, la transmission, les conflits de loyauté, dans une langue simple et directe, mais subtilement politique. La Discrétion explore la mémoire, l’exil et la transmission. Le roman incarne pleinement cette thématique au travers de la figure de Yamina, mère algérienne, qui incarne la figure , invisibilisée mais centrale de La Discrétion en France. La dédicace remarquable et percutante est adressée à son père « mort de discrétion ». La sortie de Discretion a été saluée dans la presse littéraire anglophone comme une exploration fine et nuancée de l’invisibilité sociale. Le roman a été perçu comme un contre-récit aux représentations médiatiques dominantes des femmes musulmanes en France, tout en conservant l’humour et la tendresse caractéristiques de l’autrice.
Entre récit, musique live et projections, la performance « out of the book » participe à la valorisation des récits d’immigrés et de leurs familles en exil. Elle permet sa diffusion large et notamment en direction des quartiers populaires où néophytes comme lecteurs fidèles de l’autrice pourront se retrouver. Espace alternatif sous forme de happening, créé à l’occasion du festival international du livre d’Edimbourg, en août 2022 pour célébrer l’indépendance de l’Algérie, le spectacle se produit à Oran puis Marseille dans le cadre du Festival Oh les beaux jours au MuCem et c’est naturellement que la Mairie des 1516 l’accueille.
De la traduction en langue anglaise à la traduction scénique
Traductrice du roman, Sarah Ardizonne propose l’adaptation du livre sous forme de spectacle. Elle assure la coproduction avec passion et subtilité, intégrant les langues arabe (darija), amazighe et français. Son parcours est intimement lié à celui de l’autrice dont ellepartagela sensibilité féroce sans jamais d’amertume. Pour Sarah « les traducteurs sont des passeurs qui permettent de découvrir l’hybridité des langues. Le changement d’attitude vis-à-vis de l’acculturation entre les langues est perceptible et leur non hiérarchisation permettent d’expérimenter des univers culturels poreux, hybrides et de plus en plus élargis ».
D’ailleurs, l’adaptation s’adresse à tous les publics, ce n’est pas seulement une histoire franco-algérienne mais d’abord, une thématique universelle, celle du droit au récit, de la légitimité de chacun de se créer un chez soi, prenant racine dans son passé mais aussi dans son énergie vitale d’émancipation.
Une mise en musique ancrée
La musique originale produite par Hakim Hamadouch et Sylvie Paz, rejoints par la percussionniste Nadia Tighidet, d’ancrage marseillais et le violoniste Kheireddine Mkachiche ajoute à la spectaculaire interprétation des comédiennes Meriem Medjkane, Amal Kateb, figures contemporaines du théâtre et du cinéma algérien. L’artiste visuelle Shiraz Bazin-Moussi a réalisé les projections de ses photographies comme réponses dynamiques aux répétitions. Projetées sur grand écran, les photographies et vidéos de l’artiste Shiraz Bazin- Moussi donnent au récit sa dimension visuelle à travers un demi-siècle d’histoire.
Une diffusion à promouvoir
D’Edimbourg, à Oran en passant par Marseille, le sillon constitué par ce happening original promet une belle diffusion et l’opportunité de diffuser les cultures et mémoires d’exil.
Un production Good Chance Théâtre, développé par le British Council (International Collaboration Grants) en partenariat avec l’Agence Algérienne pour le Rayonnement Culturel (l’AARC), avec le soutien de l’Institut français d’Algérie.
Diffusion Service culturel de la Mairie des 1516 et Cinéma Alhambra.
