Cinquantenaire de la disparition d’une légende.
La Voix des femmes : Oum Kalthoum, l’Astre d’Orient célébrée sur scène à Avignon et à Marseille
Cinquantenaire de la disparition d’une légende.
En 2025, le monde arabe et au-delà commémorent les 50 ans de la mort d’Oum Kalthoum, icône absolue de la chanson arabe, disparue le 3 février 1975. Voix d’une époque, muse des peuples, diva politique : celle qu’on surnomme l’Astre d’Orient ou encore la Quatrième pyramide d’Égypte continue de fasciner. Le spectacle La Voix des femmes, mis en scène par Sonia Mbarek et présenté en juillet au Festival d’Avignon avant une date marseillaise le 2 août au Palais Longchamp, lui rend un hommage vibrant. Une célébration musicale et féministe dans le cadre de l’Été Marseillais.
Sur scène, pas d’imitation. Pas de sosie vocal ni de répertoire figé. Ce que propose La Voix des femmes, c’est une réactivation sensible et actuelle de l’héritage d’Oum Kalthoum par une génération d’artistes féminines venues d’Égypte, du Maghreb et de la diaspora. Les voix de la Tunisienne Sonia Mbarek, de l’Algérienne Souad Massi ou encore de la Franco-Marocaine Nabyla Maan entonnent, réinterprètent, prolongent. Loin du pastiche, c’est un tissage entre hommage et création, entre la mémoire du tarab (extase musicale arabe) et les aspirations contemporaines des femmes artistes du Sud.
Née en 1904 dans un village du delta du Nil, Oum Kalthoum se produit dès l’enfance habillée en garçon pour pouvoir chanter dans l’espace public. Formée au répertoire religieux et classique, elle s’impose dès les années 1930 au Caire, d’abord par la radio puis au cinéma, comme une figure nationale. Elle collabore avec les plus grands poètes, notamment Ahmad Rami et compositeurs de son temps. La richesse mélodique de ses chansons, leur durée exceptionnelle (parfois plus d’une heure), et sa capacité à improviser dans le maqâm (mode musical arabe) construisent un lien quasi mystique avec son public.
Mais Oum Kalthoum, c’est aussi une figure politique. Patriote, elle incarne un nationalisme culturel arabe sous Nasser, dont elle épouse les idéaux panarabes. Chacune de ses apparitions devient un événement collectif. Sa voix traverse les frontières et les régimes. Elle parle aux exilés, aux amoureux, aux opprimés.
C’est cette résonance politique et poétique qu’interroge La Voix des femmes, en posant cette question : que reste-t-il, aujourd’hui, de la puissance d’Oum Kalthoum pour les femmes arabes, pour leurs luttes, leurs espoirs, leur désir de scène et de reconnaissance ?
À Marseille, où la mémoire migrante et les filiations culturelles arabes irriguent les quartiers populaires, cette célébration prend une portée particulière. Sur le quai du Port, en plein air, le concert prévu le 2 août s’annonce comme un moment de communion musicale, mais aussi de transmission. À l’occasion de cette initiative, on retrouve au programme Natasha Atlas, Souad Massi, Maryam Saleh, Abdullah Miniawy, Danyl accompagnée par MENA International Orchestra sous la direction musicale de Zeid Hamdan.
En plaçant Oum Kalthoum au cœur de son programme, l’Été Marseillais ne rend pas seulement hommage à une étoile défunte. Il remet en lumière une figure d’empouvoirement, une pionnière, une femme qui, depuis le siècle dernier, continue de chanter pour celles qui veulent faire entendre leur voix.
14 juillet 22h Cours d’honneur du Palais des Papes. 02 aout l’été marseillais Quai du Port Marseille