Les femmes et les hommes ne sont pas présent·e·s dans les mêmes espaces d’une ville : les femmes sont repérables aux sorties d’école, dans les squares et parcs avec les enfants, et en mouvement près des commerces. Les hommes investissent davantage les places centrales, les bancs, les infrastructures de sport, les terrasses de bars et cafés. Les femmes traversent l’espace public, d’un point A à un point B, et les hommes l’occupent et en profitent, en s’y sentant en sécurité.

C’est ce déséquilibre et cette domination que Randa Maroufi met en scène et documente, revendiquant une démarche sociale et politique, et une certaine ambiguïté des images et des  représentations« Je dis souvent que je fais de la peinture avec des moyens cinématographiques. La photographie est un moyen pour moi de saisir le moment, l’ici et le maintenant.» 

Les Intruses – Les œuvres

À la jonction de deux pratiques et de deux pays, la photographe née en 1987 à Casablanca (Maroc), vit et travaille à Paris, après avoir été diplômée de l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan et de l’École supérieure des Beaux-Arts d’Angers. Croisant une esthétique cinématographique et la photographie grand format, elle interroge les limites des territoires, et les manières avec lesquelles les individus investissent l’espace public, révélant ainsi ce que ces espaces, réels ou symboliques, produisent sur les corps. Ses photographies et images animées examinent les conflits et les questions d’accès et de sécurité dans les espaces publics, par des mises en scènes où les femmes prennent la place qu’occupent habituellement les hommes dans l’espace public. L’artiste invite ainsi les visiteurs à s’interroger sur la nature et le contenu de l’image qu’ils voient, mais également sur leur propre perception de cette situation d’inversion.