« Nour » signifie lumière. Ce mot aux sonorités limpides, présent dans le Coran comme dans la poésie amoureuse, donne son titre à un spectacle lumineux présenté, le 15 juillet à 22h à l’occasion du Festival d’Avignon. À travers les voix de poètes, de musiciennes et de comédiennes, Nour rend hommage à la langue arabe, dans sa richesse, sa sensualité, sa musicalité. Une langue souvent stigmatisée dans l’espace public, ici honorée dans toute sa dignité, sa profondeur et sa beauté.

Dans le Lisân al-ʿArab, le grand dictionnaire de la langue arabe de Ibn Manẓūr (XIIIe siècle), on lit que, « as-samar huwa al-ḥadīth fī al-layl, wa-lā yakūn illā baʿda al-ʿishāʾ« , le samar est le discours tenu la nuit, et il n’a lieu qu’après la prière du soir. Tradition ancestrale qui permet de savourer les mots, leur mélodieuse interprétation poétique et sensuelle.

Sur scène, le texte arabe n’est pas seulement dit : il est chanté, murmuré, scandé.

La langue devient matière sonore, souffle, rythme. Nour puise dans les grandes figures de la poésie arabe classique, Al-Mutanabbî, Ibn Arabi, Mahmoud Darwich mais aussi dans des textes contemporains, écrits par des femmes et des hommes en exil, de la rue, du quotidien.

La mise en voix épouse la polyphonie du monde arabe, entre arabe littéral et dialectes du Maghreb, du Machrek ou du Golfe arabo-persique. Chaque accent devient mémoire, chaque mot devient lieu.

Le spectacle, porté par une jeune génération d’artistes issus de la diaspora, interroge aussi la place de l’arabe dans les espaces francophones. Langue maternelle pour certains, langue apprise ou transmise, langue interdite parfois, elle surgit ici comme une évidence.

Sous la direction de Julien Colardelle (Souffle Collectif), on y retrouve entre autres Rima Abdul-Malak, franco-libanaise, ancienne ministre de la culture (2022 2024), la poétesse marocaine Rim Battal ou Camélia Jordana, chanteuse et comédienne franco-algérienne.

À contre-courant des représentations négatives qui l’associent à la violence ou à l’archaïsme, Nour la montre comme un espace de création, de sensualité, de pensée. Une langue monde.

À l’heure où la diversité linguistique est menacée, Nour rappelle combien chaque langue porte une vision du monde. La langue arabe, avec sa grammaire du souffle et sa puissance d’image, permet de dire autrement le corps, le désir, la terre, le temps. En la mettant à l’honneur, ce spectacle réhabilite des imaginaires souvent marginalisés. Il offre aux jeunes générations arabophones ou arabisantes un miroir dans lequel elles peuvent se reconnaître.

Plus qu’un hommage, Nour est une invitation. À écouter autrement. À se laisser traverser. À redonner à la langue arabe sa place dans le concert des langues vivantes, en France et ailleurs. Une langue de lumière, pour dire les ombres et les clartés du monde.

Mise en scène Radhouane El Meddeb 
Consultants poésie Rima Abdul-Malak, Farouk Mardam-Bey 

Coproduction Institut du monde arabe avec le soutien d’Abu Dhabi Arabic Language Centre (ALC), Festival d’Avignon

Mardi 15 juillet à 22H, Cour du lycée Saint-Joseph62 rue des Lices
84000 Avignon