Jusqu’au 2 novembre, l’institut du monde arabe met à l’honneur le patrimoine de Gaza et l’exposition intitulée Trésors sauvés de Gaza, 5000 ans d’histoire.

Depuis sa création en 1949, le territoire de la bande de Gaza (365 km’) se distingue par son isolement et son extrême densité de population et de bâti. Son histoire contemporaine est jalonnée de guerres et de crises humanitaires qui ont éclipsé le passé glorieux du grand port méditerranéen des richesses d’Arabie.

La muséographie proposée alterne artefacts archéologiques avec des vidéos pédagogiques qui permettent de découvrir l’ancienneté d’un territoire qui n’a pas toujours été en guerre. La Palestine est l’un des territoires méditerranéens où l’on retrouve une stratigraphie archéologique ininterrompue depuis la préhistoire jusqu’à l’époque contemporaine. Les artefacts archéologiques qui y sont découverts couvrent donc une période extrêmement vaste, allant des premières occupations humaines aux périodes islamiques et ottomanes.

Lampes à huiles, mosaïques et céramiques émaillées, manuscrits arabes, instruments de la vie quotidienne, architectures de caravansérails et fontaines illustrent un fonds composé de 529 œuvres archéologiques de Gaza, qui rejoignent Genève pour l’exposition « Gaza à la croisée des civilisations» en 2007. 

Dirigée par la commissaire, Elodie Bouffard, l’exposition présente les pièces arrivées en 2000 sur le sol français et 260 œuvres issues de la collection privée de Jawdat Khoudary, offerte en 2018 à l’Autorité nationale palestinienne.

Alors que le patrimoine culturel palestinien est victime de destructions sans

précédent, la centaine d’œuvres présentée aujourd’hui fait écho à la riche et longue histoire de Gaza préservée grâce au Musée d’art et d’histoire de Genève qui conserve la collection. Depuis 17 ans, les œuvres qui devaient constituer le futur musée archéologique de Gaza sont en caisses à Genève, prêtes au départ mais les conditions d’un retour en toute sécurité dans leur pays d’origine n’ont pu être réunies. 

Depuis l’attaque terroriste et la prise d’otages par le Hamas du 7 octobre 2023 la bande de Gaza subit un génocide désormais reconnu par de nombreux historiens dont David Grossman, écrivain et Amos Goldberg, historien spécialiste de l’Holocauste à l’Université hébraïque de Jérusalem. Ce dernier estime que la destruction systématique et la déshumanisation des populations à Gaza s’inscrivent pleinement dans le cadre du génocide selon la Convention de 1948.

Les destructions exceptionnelles du patrimoine peuvent paraitre dérisoires, au regard de la gravité des faits dont nous sommes témoins. Pourtant, les évènements tragiques du 20ème siècle jusqu’à la guerre actuelle ont balayé l’histoire de cette antique oasis, lieu de passage et de contact ouvert sur le monde: qui se souvient que Gaza, née de la rencontre du sable et de la mer, de coexistence de plusieurs communautés, qui a connu un passe prestigieux sans interruption depuis l’âge du Bronze?


Le patrimoine plurimillénaire de Gaza, témoin de plus de cinq millénaires de civilisation, contribue aujourd’hui encore à inscrire son histoire dans la longue durée et à la soustraire aux lectures messianiques simplificatrices auxquelles certains acteurs politiques tentent de la réduire.