L’enquête sur l’intégration des primo-arrivants (ELIPA) l’a montré : les réfugiés en situation d’exil subissent un déclassement, et leur perte de chance est considérable en comparaison des nationaux, à niveau de compétence et de diplôme égal. Leur accompagnement est un enjeu pour les pouvoirs publics. 

Pourtant, après un article du Monde publié en novembre 2023, l’opprobre avait été jeté sur les modalités d’accompagnement des Artistes en exil. Probablement liée au succès et à la visibilité de l’association, la crise interne a eu le mérite d’orienter les missions vers un accompagnement temporaire qui vise à amorcer une carrière: l’enjeu est bien de favoriser l’égalité des chances, non du résultat, et les artistes en exil sont désormais intégrés au conseil d’administration de l’association.

Volet marseillais intégré

A Marseille, la municipalité a bien compris l’importance de ces enjeux et soutient l’association via le Contrat Territorial d’Accueil et d’Intégration ainsi qu’en lui attribuant un local à Vauban.  

Pour Sarah Gorog et Nicolas Stolypine, responsables du projet à Marseille, il s’agit d’installer le festival en développant des partenariats avec les équipements culturels et les festivals. Ainsi la programmation de la 7édition décline de nombreuses performances avec des partenaires tels que Provence Art Contemporain, l’AMI, le Château de Servières, le Musée d’Art Contemporain de Marseille [mac], le cinéma La Baleine, la grande librairie internationale,  La Mûrisserie…

Visions d’exil Marseille propose des soirées festives, des concerts, des spectacles, des  performances, des expériences immersives, des expositions, des projections, des rencontres et des tables-rondes, des lectures et des ateliers de pratique artistique. Cette édition est marquée par l’omniprésence de la guerre et la montée en puissance des régimes autoritaires, qui  entraînent des violations des droits humains et des attaques véhémentes contre la démocratie sur lesquels les oeuvres sensibilisent. 

La thématique de la censure a inspiré ces artistes dont le parcours reste lié à l’expérience et au trauma de l’exode, à la fuite de régimes autoritaires et violents. Victimes de guerres et de discriminations raciales ou politiques, ils témoignent de parcours d’oppression et de résistance : la culture d’un peuple en péril se perpétue à travers ses artistes et dans les contextes d’exil, l’artiste doit pouvoir continuer à créer, en tant qu’individu mais aussi en tant que dépositaire d’une culture. 

Ainsi, durant la première semaine de Visions d’exil, Censure expose des artistes originaires de Turquie, d’Ukraine, de Russie, d’Irak, d’Iran, de Syrie et de Colombie, tandis que le FID projette deux films ukrainien et palestinien, et que le Château de Servières expose des artistes birmans.