Sur la scène du théâtre Joliette, s’est jouée la pièce « Une histoire subjective du Proche-Orient mais néanmoins valide… » de Lauren Houda Hussein et Ido Shaked du théâtre Majâz est fondé en 2009 à Paris.
La pièce de théâtre se distingue par son duo sensible entre interprétation théâtrale et musicale. Séquencée par les grandes chansons interprétées par Fairuz, la diva libanaise, et ses titres emblématiques. Cette pièce offre un voyage émotionnel et historique profond.
L’histoire commence à Beyrouth, lieu du premier tableau composant le triptyque de souvenirs. Alors qu’elle doit assister à un concert de Fairuz dans les historiques ruines de Baalbek, celui-ci est subitement annulé en raison de la seconde guerre israélo-libanaise. Ainsi débute le récit de la jeune protagoniste, d’une vingtaine d’années, en quête de ses origines à Beyrouth.
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Entre souvenirs de la région parisienne et histoire du Liban, le récit des binationaux est souvent marqué par le sentiment d’inachevé parfois la culpabilité… Comment survivre aux conflits récurrents, aux souffrances de l’exil, comment passer des bombes aux périphéries urbaines, avec l’exil comme seule patrie intime ?
La pièce égraine les souvenirs d’une famille libanaise et de ses identités morcelées entre Occident et Orient, dressant une cartographie sensible et mettant en scène l’émancipation d’une mémoire piégée par le conflit israélo-palestinien.
« A Beyrouth, de mon cœur, un salut à Beyrouth et des baisers aux maisons et à la mer, au rocher qui ressemble à un vieux marin.
Dans les années 80, la chanson résonne en boucle, dans la Peugeot 306 blanche de mon père. « Li Beyrouth » est une chanson profondément poétique, hommage poignant à la ville de Beyrouth. Fairuz chante avec une voix empreinte de nostalgie, évoquant la douleur tout en exprimant un amour profond pour la ville. Les paroles soulignent également l’espoir et la détermination de Beyrouth à surmonter les épreuves et à renaître. Elle est devenue une sorte d’hymne de résistance et de solidarité pour les Libanais, surtout depuis le 4 août 2020, alors que la ville est secouée par une explosion massive. Les dégâts humains et matériels sont considérables, avec plus de 220 morts, 6 500 blessés, 300 000 sans-abri. L’événement entraine de nouveaux exils et des répercussions socio-économiques profondes.
De Beyrouth à Jérusalem, sur les traces du poète Mahmoud Darwich, l’autrice nous rappelle que Celui qui impose le récit hérite la terre du récit… Comme dans la vie réelle du poète, on croise les amours impossibles, à l’image de celui que le poète partage avec Rita, jeune juive israélienne. En 1995, l’auteur raconte leur histoire impossible, interprétée par le renommé chanteur oudiste libanais, Marcel Khalifé.
Al-Quds, ou Jérusalem en arabe est la chanson hommage à Jérusalem. Qualifiée de Nation de la paix et de ville martyre, la chanson évoque la résilience des habitants de Jérusalem malgré les épreuves, « O fleur des cités, O Jérusalem, Cité de la Prière, je prie ! Nos yeux, vers toi, s’élancent chaque jour, Parcourent les portiques des sanctuaires, Embrassent les antiques églises Et essuient la tristesse de sur les murs des mosquées. nuit du ravissement nocturne (Isrâ) !
Ces chansons comme celles d’Oum Kheltoum représentent un matrimoine puissant, de véritables hymnes, moins nationaux, que métasporiques. Néologisme théorisé par l’écrivain québécois d’origine haïtienne, Joël Des Rosiers, la métaspora explore l’idée de la dispersion culturelle et identitaire au-delà des frontières géographiques et culturelles traditionnelles. Elle se réfère à un espace d’hybridité, où les identités multiples se nourrissent mutuellement. L’art y joue un rôle thérapeutique, une réflexion profonde sur la manière dont les expériences d’exil enrichissent notre compréhension de notre culture. Le pouvoir de l’héritage culturel réside dans la puissance narrative du récit, un concept particulièrement d’actualité et pertinent dans le contexte de l’histoire palestinienne.
Le troisième tableau de la pièce nous conduit à Paris ou plutôt sa banlieue, où se croise les exilés du monde entier et auxquels la pièce rend largement hommage.