L’inscription du henné au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco souligne son importance culturelle et son rôle dans les traditions et les rituels des sociétés où il est pratiqué
Il n’y a pas eu de contestation majeure de l’initiative algérienne pour l’inscription du henné au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Le dossier, intitulé « Le henné : rituels, pratiques sociales et esthétiques », a été présenté conjointement par 16 pays arabes, dont l’Algérie, et a été validé le 5 décembre 2024. L’inscription a été largement saluée et considérée comme une reconnaissance de l’importance culturelle et sociale du henné dans les sociétés arabo-amazighes.
Pourtant les tensions récentes entre l’Algérie et le Maroc avaient conduit à plusieurs contestations concernant l’appropriation culturelle : le caftan ou le tajine, associés à la culture marocaine, font l’objet de revendications algériennes, alors que le Zellige, mosaïque en céramique que l’Algérie a voulu faire inscrire au patrimoine immatériel de l’Unesco, est aussi revendiqué par le Maroc. Ces contestations révèlent les tensions diplomatiques entre les deux pays et soulignent l’importance de protéger et de préserver le patrimoine culturel de manière équitable.
Beauté, soin et sacrement
Le henné est une pratique culturelle profondément ancrée dans de nombreuses sociétés, en particulier dans le monde arabe et dans d’autres régions d’Afrique et d’Asie. Son usage a également été introduit par les diasporas afro-amazighes en Europe où il n’intrigue plus autant qu’auparavant. Cependant, sa présence sur les mains peut encore rencontrer des oppositions dans certains métiers où la coloration de la peau est jugée inadéquate.
Le henné, totalement naturel, accompagne de nombreux rites de passage tels que mariages, baptêmes ou circoncisions, où il est appliqué pour bénir et protéger les participants. Les différents motifs des tatouages au henné symbolisent généralement la bénédiction, la prospérité, la santé et la chance. Au-delà de son caractère esthétique et sacré, le henné est reconnu pour ses diverses propriétés thérapeutiques. Il est issu de l’arbuste Lawsonia inermis, connu pour ses propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires. Il est espéré que cette inscription contribue à une meilleure compréhension de son usage.
S’inscrire pour le futur
L’Unesco compte aujourd’hui 194 États membres, certains anciens comme la France, l’Égypte, le Maroc (1946), et d’autres plus récents comme ou l’Algérie qui a adhéré en 1963, après la décolonisation, ou les États-Unis, réadmis en juillet 2023. Les États membres doivent collaborer pour promouvoir la paix et la coopération internationale à travers l’éducation, les sciences et la culture.
L’inscription au patrimoine de l’Unesco est un processus qui implique plusieurs étapes clés. C’est également une source de concurrence entre pays : agir sur l’attractivité culturelle renforce la position d’un pays sur la scène internationale et en matière de tourisme les enjeux sont colossaux.
C’est notamment le cas lorsque certains usages embrassant plusieurs nations transcendent les frontières établies. À l’instar des langues, certains objets sont partagés sur des aires géographiques étendues et doivent être portés par plusieurs États, sans exclusivité.