La série animée Petite Casbah, diffusée sur France TV depuis le 28 octobre 2024, nous plonge dans l’Algérie coloniale et sa mosaïque de communautés à la veille de l’indépendance. 

Si l’enseignement de la colonisation et des décolonisations reste insatisfaisant en France, le cinéma et la littérature offrent de nombreuses occasions d’approfondir nos connaissances. 

Toutefois, Petite Casbah constitue une première tentative ambitieuse de raconter aux enfants ce qui reste le conflit le plus important mené par la France depuis la Seconde Guerre mondiale. 

À l’instar du film de Mehdi Charef, Cartouche gauloise, sorti en 2007, la série privilégie la découverte du contexte par le yeux des enfants.

Une mosaïque de communautés 

Arabes, amazighes, pieds-noirs, ou juifs sépharades, Alger offre un terrain d’aventure où les relations croisent insouciance et drame collectif, innocence et impunité, quotidien et grande Histoire… 

L’approche qui permet de préciser les contours de ces présences multiples permet de revenir sur les différences de statuts, de conditions de vie sous l’Algérie française et d’éclairer les inégalités persistantes après 130 ans de colonisation.

Les « événements » encore circonscrits aux campagnes laissent entrevoir l’escalade des violences à venir. 

Les autrices Alice Zeniter et Alice Carré sont habituées à aborder l’Algérie coloniale avec les nuances nécessaires à une transmission historique rigoureuse. 

Leur approche documentée de la situation coloniale n’enlève rien aux vécus des différentes communautés, rattrapées par le conflit puis l’exil.  

Des personnages à l’image des communautés présentes. 

Philippe et Ahmed sont camarades de classe et partagent l’espace d’une terrasse avec Lyes, un orphelin cireur de chaussures, avec lequel ils partagent leurs aventures.

 – Khadija, récemment arrivée à la Casbah pour rejoindre son grand frère Malek et commencer sa scolarité en ville, voit sa vie bouleversée lorsque Malek est incarcéré suite à une altercation avec la police.

Son frère Malek tient une table de primeurs au marché des Trois Horloges à Bab El Oued. C’est aussi un militant indépendantiste. 

Son incarcération met en péril sa vie et son engagement. 

 Pour venir en aide à Malek, la petite bande déjoue les contrôles de police et les conflits entre élèves.

Des lieux et des figures emblématiques 

Dans leurs périple, les enfants sont guidés par diverses personnalités emblématiques comme la chanteuse Reinette l’Oranaise et le boxeur Alphonse Halimi, champion du monde des poids coqs en 1957. 

 Le rendez-vous au Café Tantonville entre Djamila et Khadija devient un moment clé pour sauver Malek et préserver le réseau de soutien clandestin. 

Le prénom de Djamila résonne avec celui de Djamila Boupacha et Djamila Bouhired, toutes deux, engagées dans la lutte pour l’indépendance et qui éclaire le rôle des femmes moudhahidates. 

Le Café Tantonville, ouvert depuis 1870, est un lieu historique et emblématique d’Alger, fréquenté par de nombreux intellectuels et comédiens.

 L’Implication des Enfants L’implication des enfants dans la guerre d’Algérie est bien réelle, illustrée par la figure du Petit Omar (Omar Yacef), un jeune agent de liaison entre les combattants du FLN et les chefs de la Zone Autonome d’Alger. Abattu à l’âge de 13 ans, il est aujourd’hui commémoré comme un symbole de patriotisme et de courage.

Petite Casbah est un projet né de la volonté de France TV Jeunesse de proposer une série sur l’Algérie. Porté par Darjeeling Production et l’écrivaine Alice Zeniter, ce projet ambitieux est une belle surprise offerte par le service public.  

Á voir sur France TV :

– Petite Casbah – 6 x 26 min. 

Une série créée par Alice Zeniter et Alice Carré, scénario et dialogues par Marie de Banville et Jean Régnaud, réalisation par Antoine Colomb, production Darjeeling avec la participation de France Télévisions. -Petite Casbah, raconte-moi l’Algérie – 6 x 5 min 30 sur Lumni.fr. 

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