Par Bifatouma Aboudou
Les Comores, quatre iles qu’on nomme les iles de la lune, moi je viens de la grande Comores, « Ngazidja », je suis née là-bas mais je n’y ai pas grandi. J’ai quelques vagues souvenirs de mon enfance mais c’est à mes cinq ans que j’ai embarqué pour la France. Je croyais juste partir en vacances et me voilà maintenant du haut de mes 19 ans, avec mes valeurs et mes coutumes.
C’est l’heure de la « subh », prière de l’aube, car chez nous, les comoriens, nous sommes très pratiquants. Ma mère me lève pour prier, après je prends le chemin de l’école mais après le petit-déjeuner. Pour nous, les enfants, c’est rapide ! Un bol de lait, des céréales ou des tartines, pour ma mère c’est du thé qu’elle fait avec des feuilles qu’on lui a envoyé depuis le bled.
« Maman gam mwendo », maman j’y vais et elle me répond « Bismileh ».
En route de bonne humeur je rejoins Soukaina que je considère comme ma sœur. Elle est franco-marocaine et contrairement à moi, elle rentre tous les étés au bled. Du coup, j’ai toujours droit à des cadeaux. Moi le bled, j’y suis allée une seule fois mais j’y suis restée neuf mois. C’était magnifique, là-bas la famille est mis à l’honneur surtout ta famille maternelle. Tu oublies le fameux « tata » car on les appelle toutes « maman » car ce sont tes tantes maternelles. Tu dois les aimer et les respecter au même titre que ta mère. La religion est très valorisée, chaque rite rythme la vie des habitants. A chaque heure de prière, peu importe où tu te trouves, l’adhan[1. Adhan, appel à la prière] t’appelle. Souvent, avec Soukaina on parle de nos bleds, comment ça se passe… c’est vrai que c’est différent d’ici mais malgré cela nos parents ne veulent pas qu’on oublie nos coutumes.
Religion et tradition confondues
On est vendredi après la « jumua », grande prière du vendredi, les oncles passent manger un repas traditionnel. A la maison, ça parle de « Anda », le grand mariage comorien, celui dont rêve toutes les mamans pour leurs filles. A la base il était prescrit pour les filles ainées de la famille mais de nos jours celui qui a les moyen de le faire le célèbre car il honore et valorise la famille.
Beaucoup de jeunes de France sont contre car ils pensent que c’est du gaspillage. On dépense des sommes astronomiques. D’autres disent que c’est à l’inverse de l’esprit de la foi, mais chez nous les comoriens, religion et tradition sont souvent confondues.
En tant que jeune comorienne j’aime beaucoup nos coutumes qu’on effectue même si on n’est pas aux Comores.
Par un beau samedi à Marseille, en direction du métro Bougainville, les femmes comoriennes son vêtues de sari, à motif comorien qu’elles mettent pour se rendre dans les « machouhouli »[2. Fêtes de mariage ou célébration religieuse] qui se tiennent souvent le weekend.
Entendre papoter les enfants en « chiagzidja »[8. Dialecte qu’utilisent les comoriens de la grande Comores] , on peut même croiser des hommes vêtus de Kandou et d’un beau Cofia[4.Calotte brodée portée par les hommes] pour l’occasion et marcher avec fierté.
Moi, je trouve que j’ai de la chance d’être comorienne de France car j’ai grandi avec des amies de différentes origines. Cela me permet d’être une personne plus ouverte aux autres et je bénéficie de l’enseignement de mes parents sur ma culture d’origine, ce qui est aussi un vrai enrichissement.