L’on entend par médiation le double processus qui vise la communication des savoirs patrimoniaux et leur appropriation par les publics. Conciliant le souci de démocratisation culturelle hérité de la Révolution et le projet de démocratie culturelle porté par la contre-culture, ses déclinaisons sont multiples et sans cesse réinventées : visite guidée, exposition, reconstitution, expérimentation, tourisme créatif, etc. Indissociable de toute expérience patrimoniale, la médiation est devenue si évidente qu’on ne la voit plus et c’est d’ailleurs à l’aune de cette invisibilité que l’on mesure son efficacité. Aussi est-on enclin à passer son chemin et à rester aveugle à ce qui se joue là, à savoir la rencontre, le dialogue, ou la collision de différentes conceptions du patrimoine, celles des spécialistes et celles des profanes. Se définissant fondamentalement comme acte de partage, la médiation, non contente de donner à voir toutes ces représentations, les travaille aussi pour en produire de nouvelles.
Rapportée au patrimoine des migrations, la question de la médiation apparaît vite centrale, parce qu’intrinsèquement liée à son affirmation même. Composant avec la ténuité voire l’absence de traces matérielles susceptibles de rendre compte de l’histoire des origines, de l’exil et de l’installation, ce patrimoine, de fait souvent assimilé aux mémoires des migrations, et revêtant une grande part d’immatériel, existe pour l’essentiel dans et par l’acte de transmission. Aussi tend-il à se confondre avec sa médiation qui lui est d’autant plus consubstantielle qu’il se revendique autre et qu’il entend être admis comme tel. Marqué au coin du désir de reconnaissance, pourrait-il en effet se passer de médiation ? En somme, il en va du patrimoine des migrations et de sa médiation comme d’un cas-limite, dont il reste à tirer parti pour saisir ce que la médiation fait au patrimoine. Ce faisant, il s’agira aussi de mettre à profit ce resserrement de focale sur les médiations pour affiner notre compréhension du patrimoine des migrations et de ses spécificités, à l’heure du « tout patrimonial ».
Michèle Baussant, CNRS, Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative, Centre de recherche français de Jérusalem
Marina Chauliac, DRAC Rhône-Alpes, IIAC – équipe CEM
Irène Dos Santos, IIAC, équipe CEM, Centro em Rede de Investigaçao em Antropologia – Lisbonne
Anne Monjaret, CNRS, IIAC – équipe LAHIC
Evelyne Ribert, CNRS, IIAC – équipe CEM
Sylvie Sagnes, CNRS, IIAC – équipe LAHIC
Nancy Venel, Université Lyon 2, laboratoire Triangle
10h00 Accueil
Luc Gruson, directeur du Musée de l’Histoire de l’Immigration (sous réserve)
10h15 Introduction
10h30
Hélène Bertheleu, maître de conférences, Université de Tours, CITERES :
Migrations et pratiques patrimoniales : expériences muséales et récits situés
11h30
Xavier Roigé Ventura, professeur, Université de Barcelone :
Les musées de l’émigration en Catalogne
12h30 Déjeuner (possibilité de restauration sur place1)
14h00
Sylvie Sagnes, chargée de recherche CNRS, IIAC – équipe LAHIC
Médiation rouge baiser : le patrimoine de l’immigration médiateur de transculturalité
15h00
visite de la galerie des dons
Stéphanie Mahieu, responsable des collections ethnographiques, Musée de l’Histoire de l’Immigration
« La Galerie des Dons » du Musée de l’Histoire de l’Immigration :
quand les objets du quotidien deviennent des objets de mémoire
16h visite libre du musée de l’histoire de l’immigration
1 Mosaïque café : cuisine thaï, menu 12 € (2 entrées et 2 plats au choix).
Réservation avant le 11 mai : irenedossantos75@gmail.com
[*] Mosaïque café : cuisine thaï, menu 12 € (2 entrées et 2 plats au choix).
Réservation avant le 11 mai : irenedossantos75@gmail.com