Dans le cadre du labex Les passés dans le présent l’Université Paris-Ouest Nanterre – Bibliothèque de documentation internationale contemporaine et l’Institut des sciences sociales du politique lancent un appel à participation à la journée d’études « Histoire et mémoire de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983 » qui aura lieu en décembre 2013.
La Marche pour l’égalité et contre le racisme (15 octobre – 3 décembre 1983) symbolise l’apparition des enfants d’immigrés maghrébins dans l’espace public français. Auparavant, l’immigration maghrébine était généralement considérée comme un phénomène provisoire et représentée dans l’opinion publique par la figure du travailleur immigré, célibataire et sans enfants (Sayad, 1999), occultant ainsi la présence féminine dans l’immigration (Guénif, 2000 ; Guerry, 2013). Depuis le début des années 1980, les enfants d’immigrés font la une de l’actualité, notamment lors des rébellions urbaines de la banlieue lyonnaise (Boubeker, 1986, 2003 ; Zancarini- Fournel, 2004 ; Boubeker & Hajjat, 2008 ; Béroud & al., 2011). Pour la première fois dans l’histoire
de France, cette catégorie de la population va faire l’objet d’un discours médiatique et politique au niveau national.
Si le traitement médiatique de l’événement est bien connu (Battegay & Boubeker, 1993), on sait finalement peu de choses sur la Marche, les marcheurs et les conditions de possibilité de cette action collective. En effet, plusieurs chercheurs ont proposé des analyses sociologiques de la Marche juste après l’événement (Jazouli, 1986 ; Lapeyronnie, 1987), mais ceux-ci restent souvent lacunaires empiriquement et sont discutables théoriquement dans la mesure où ils adoptent le paradigme, à bien des égards problématique (Laacher 1991 ; Siméant, 1998), de l’assimilationintégration au lieu d’utiliser les outils « classiques » de la sociologie de l’action collective. D’autres chercheurs ont analysé la Marche comme l’événement fondateur d’une « génération sociale » (Beaud & Masclet, 2006) et, dans une perspective plus engagée, les travaux de Saïd Bouamama (1994) et de Mogniss H. Abdallah (2013) inscrivent l’événement dans une analyse globale des luttes de l’immigration (mais ne sont pas fondés sur une démarche classique de travail empirique).
De manière générale, les travaux existants s’appuient rarement sur des documents d’archives (publiques ou privées) et des entretiens avec les protagonistes de l’époque (Hajjat, 2011, 2012, 2013).
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