6. Se souvenir (là-bas, enfance…)
“L’Algérie c’est comme une vieille tante malade que tu vas visiter. Mais tu passes le week-end et le dimanche soir tu te barres parce que sinon tu te suicides si tu y restes. Mais quand tu retournes chez toi, dans ton petit studio de Neuilly, tu as honte d’avoir quitté précipitamment ta tante et donc tu programmes très vite le week-end d’après. C’est une indécision permanente.”
Un témoin, La Traversée, Elisabeth Leuvrey
Voir la bande annonce: La traversée de Elisabeth Leuvrey, 2013
Le rapport au pays d’origine est aussi multiple et complexe qu’il y a de forme de migrations. Le pays d’origine continue de vivre dans le cœur des migrants de multiples façons: certains y partent en vacances ou reçoivent la visite de proches venus de là-bas. Pour certains le rapport au « pays d’origine » peut être régi par une logique de la dette et du don : devant parfois leur départ à une décision collective financée en partie par la famille, les émigrants contractent une dette non seulement symbolique, mais également matérielle, les liants à leur famille élargie et au village. Mais par dessus tout, le pays vit par la transmission d’un héritage culturel vivace ancré dans les souvenirs d’enfances des migrants, mémoire partagée avec leurs enfants nés en France mais également qui entre en résonance et qui irrigue la culture du pays d’accueil.
La musique
En arrivant en France, les migrants ont apporté avec eux toute une culture musicale traditionnelle ou profane. Cette musique sera jouée lors des fêtes mais rythme également le quotidien des familles. Des instruments considérés auparavant comme “exotiques” s’ancrent progressivement dans la culture française: il n’est pas rare aujourd’hui d’entendre de la darbouka, de la kora ou autre djembé . De même les groupes de Rap joue sur la multiplicité des origines rythmiques et des langues, mélangeant et rapprochant dans un savant mélange des éléments musicaux d’origines diverses. Des structures culturelles considérées comme “élitistes” n’hésitent pas à produire des opéra enrichi par ce type d’instrument.
On retrouve cette imbrication des cultures dans l’album “Au pays d’Alice” de Oxmo Puccino et Ibrahim Maalouf
La cuisine
De la même façon, les traditions culinaires sont vivaces et ont perduré et enrichi à l’arrivée en France. Dans la sphère privée, on rejoue les repas propres au pays, repas rendus possibles par nombre d’épiceries et de magasins qui importent des aliments venus d’ailleurs. Rendu possible également par les semis plantés par les migrants eux mêmes et qui permettent une diversification des goût et des odeurs par l’apport d’épices et d’herbes multiples.
La cuisine de mes racines est un joli carnet culinaire entre héritage familial et recettes de tout horizons. Une cuisine colorée, méditerranéenne, un brassage de culture entre pâtisseries françaises et gâteaux algériens, Cuisine du sud et cuisine maghrébine, une cuisine au-delà des frontières.