VOUS AVEZ OUBLIÉ VOS IDENTIFIANTS ?

 

LE PROJET

Et au passage, se raconter... est un cycle d'ateliers d'écriture qui s'est tenu du 16 décembre au 3 mars 2021, en collaboration avec l'auteur et journaliste Bruno Le Dantec. Co-animé par l'association Ancrages et Bruno Le Dantec, ce projet avait pour objectif de sensibiliser à l'écriture et de récolter des récits d'exil, nous permettant de porter un autre regard sur la ville.

 

A l'issue de 5 rencontres mêlant ateliers d'écriture, balades patrimoniales et prises de sons, des jeunes accompagnés par la MECS La Galipiote nous ont raconté leur histoire, croisée à la mémoire des rues, de la gare Saint Charles à la Halle Puget. Les mots captés par Bruno Le Dantec, écrivain et journaliste, croisent les récits historiques transmis par Ancrages. Les récits collectés ont ensuite été mis en forme par les participants puis regroupés sous la forme d'un livret (téléchargeable ci-dessous).

 

Combien de jeunes voyageurs dormaient la nuit dernière autour de la gare Saint-Charles ? Combien, sans argent, sans papiers, y bivouaqueront ce soir ? Pour le savoir, il faudrait passer moins vite, s’extirper de la routine des déplacements quotidiens, comme si on arrivait là pour la première fois.
En venant des quais, on débouche sur le haut des grands escaliers. La ville est à nos pieds – ou du moins sous nos yeux. Descendre alors les marches en balayant du regard les toits, les façades, la dégringolade de la rue d’Athènes vers ce que les aménageurs appellent « le cœur de ville ». Imaginer le jour à venir. Lever ensuite les yeux vers les deux géantes de pierre qui flanquent le bas des escaliers. Peut-être y verra-t-on deux reines fières et nonchalantes, entourées d’enfants et de fruits exotiques – avant de découvrir les tristes inscriptions sur le piédestal : Colonies d’Asie, Colonies d’Afrique. Face à ces figures aux allures de gazelle qui semblent couver du regard des territoires d’abondance, Zaheer dit son sentiment : « Le premier jour, j’ai pensé que cette ville aimait les enfants. »Ce matin-là, ils sont trois jeunes venus du Pakistan et trois autres venus d’Afrique de l’Ouest à arpenter le quartier. Le hasard a voulu que ces deux trios fassent écho à la symétrie des statues.

Bruno Le Dantec

 

Ce projet est un projet soutenu par la DRAC dans le cadre de l'appel à projet "Culture et lien social".

 

LE LIVRET

Les textes ont été réalisés par des jeunes accompagnés par la MECS La Galipiote, située dans le 11e arrondissement de Marseille, à l'occasion d'un cycle d'ateliers d'écriture qui s'est déroulé du 16 janvier au 3 mars 2021. Ce projet est soutenu par la DRAC, dans le cadre de l'appel à projet "Culture et lien social 2020". Merci à Marie Cotterelle, éducatrice spécialisée, et Paolo (...), professeur de FLE, pour leur accueil chaleureux au sein de la MECS. Merci à Zaheer, à Qadeer, à Chérif, à Alphayg, à Asad et au poète jamais scolarisé pour avoir partagé avec nous un fragment de leurs parcours. 

Téléchargez le livret

L'auteur : Bruno Le Dantec

Né à Marseille, Bruno Le Dantec est écrivain et journaliste. Il a écrit « Tendre Venin – De quelques rencontres dans les montagnes du Sud-Est mexicain », C’est l’Amérique, texte inclus dans « Mala Noche », premier opus de son ami et compagnon de voyages le photographe Antoine d’Agata (En Vues, 1998). Il a également collaboré en qualité de chroniqueur avec la radio publique andalouse Canal Sur (2000-2002) en même temps qu’il était machiniste / régisseur au Teatro Central de Séville. En 2002, écrit les dialogues du « Cabaret Nomade », spectacle créé à La Ciotat (Festival Nuits Métis) puis un recueil de récits courts «Douze crimes avec ou sans bagnole», publié par La Poissonnerie en 2002 à Marseille. À la demande de Soraya Amrane, il rédige Monsieur des fruits amers pour le catalogue d’exposition « Nos Algéries » (Atelier De Visu, 2004). La ville sans nom, postface de « Psychogéographie », d’A. d’Agata et B. Le Dantec (Le Point du jour, 2005). Projet poursuivi et enrichi avec « La Ville-sans-nom – Marseille dans la bouche de ceux qui l’assassinent » (Le Chien rouge, 2007). Avec Mahmoud Traoré, « Partir et raconter – Une odyssée clandestine » (Lignes, 2014) – publié aussi en Espagne et en Italie. Avec A. d’Agata et R. Garido, « Odysseia » (André Frére, 2013). En 2017-2018, il anime des ateliers d’écriture en milieu carcéral avec le romancier Sylvain Prudhomme. Expérience poursuivie en 2019 dans les quartiers femmes et mineurs des Baumettes et du Pontet en compagnie de la photographe Yohanne Lamoulère – intervention dont est tiré le livret « (4X2)+1 » publié par l’Agence régionale du Livre Paca. Il collabore depuis quinze ans avec le mensuel de critique et d’expérimentations sociales CQFD. Autant que des déserts et des forêts, Bruno Le Dantec est amoureux des villes imprévisibles, d’où son implication dans la vie et la défense des quartiers populaires contre le processus d’aceptisation urbaine qu’on nomme « gentrification ».

LA GALERIE PHOTO

LES RESSOURCES

Pour aller plus loin...

Lire l'article "Regard croisé sur les mineurs non accompagnés étrangers : Récits de vie et pratique d’intervention", dSolene Cadart-Mariage et Kevin Sardella (2018)

Consulter le dossier d'Amnesty International (2019) "Les chemins de l’exil - Sensibiliser aux droits des migrants"

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